« La femme et la terre dans le Gôh-Djiboua, quel mode d’accès pour une réelle autonomisation ? » Ce thème qui a une forte coloration sociologique dans le district du Gôh-Djiboua a été débattu, vendredi à Divo par d’éminentes personnalités réunies à l’occasion d’un Petit Déjeuner du Genre organisé par le ReFJPCI, le Réseau des femmes Journalistes et des professionnelles de la communication en Côte d’Ivoire.
Outre la présidente du ReFJPCI, Mme Agnès Kraidy, ont également pris part à ce panel qui a réuni des chefs traditionnels, des acteurs de la société civile locale, des associations de femmes et bien entendu des hommes de média, le ministre-gouverneur du Gôh-Djiboua, M. Dakoury-Tabley, le président du conseil régional du Lôh-Djiboua, M. Dja-Blé Joseph et le professeur titulaire d’Allemand, le Dr Gnéba Kokora Michel. Il faut retenir de l’intervention de Mme Agnès Kraidy cette interrogation forte sur le traitement réservé aux femmes de cette région : « la terre est source de richesse. Pourquoi priver l’autre moitié de la population de l’accès à cette richesse naturelle que nous ont laissé nos parents en héritage ? ».
Selon Mme Kraidy, il faut éviter de parler de la femme comme si elle était une rivale de l’homme : « nous sommes dans une synergie de duo de couple. » Et, tant s’en faut, pour le président du conseil régional du Lôh-Djiboua, M. Dja-Blé Joseph de renchérir que le thème de cette rencontre est plus que d’actualité en Côte d’Ivoire, et particulièrement dans le Goh-Djiboua : « en effet, s’il est vrai que notre district composé du Gôh et du Lôh-Djiboua ont en commun des valeurs culturelles, économiques, des valeurs positives, il faut noter que malheureusement, nos parents s’accrochent à des usages peu orthodoxes parmi lesquels l’admission de la règle exclusive de la patrilinéarité privilégiant le contrôle de la terre par les hommes. » Et d’ajouter, comme pour marquer sa totale désapprobation : « chez nous, les femmes n’héritent même pas de quoi que ce soit ; elles n’héritent pas. À plus forte raison, de la terre. Elles n’héritent que de petits biens de leurs mères. Pourtant la loi sur le foncier rural, la loi sur le mariage consacre l’égalité des chances. » Le ministre-gouverneur Dakoury s’est montré optimiste et a estimé que : « si le débat semble toujours possible à mener, le combat pour y parvenir demeure rude. Mais nous restons convaincus que le temps et les circonstances devraient jouer dans le bon sens. Car des voies et moyens de contournement existent bel et bien qui peuvent, nous en sommes certains, déboucher sur une multitude d’activités à même de garantir à la femme une saine autonomisation.
Le conférencier, le professeur titulaire d’allemand Gneba Kokora Michel, fils du Lôh-Djiboua qui s’exprimait sur la question a situé qu’aujourd’hui, dans le Gôh-Djiboua, « les hommes semblent comprendre que leur épouse n’est pas leur esclave, même si celle-ci n’essaie en aucun cas de se soustraire de sa position de soumission à l’égard de son époux. » Le professeur Gneba soutient que grâce à la modernité, le statut de la femme est en train de changer positivement.
À cette rencontre M. Thomas Mösh représentait la DWA (Deutsche Welle Akademie) partenaire du RefJPCI. À noter que la veille, la journaliste et enseignante à l’ISTC polytechnique, Mme Marie Laure Zakry a procédé au renforcement des capacités d'une dizaine d'animateurs et d'animatrices des radios de proximité du Lôh-Djiboua.
Source : Operanews